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qu’ils soient ; il a un morceau de pain pour apaiser sa faim et possède des ustensiles de ménage et des outils pour son travail. Mais s’il se trouve dénué et dépourvu de tout dans un désert, pourrait-il espérer se procurer ces objets ? »

Ce que vous venez de dire, monsieur Schulze, se rapporte, d’après vous-même, à chaque individu, et même à M. Léonard Reichenheim, s’il vivait en dehors de la société. Ne vous est-il jamais venu à l’esprit, monsieur Schulze, de réfléchir sur la cause qui fait que cette société humaine donne tant à un individu et si peu à un autre ?

Ce n’est pas dans le simple travail individuel qu’on en peut trouver la cause, puisque, selon vous-même, en dehors de la société humaine, nous ne sommes que de simples individus, et que, malgré toute notre force individuelle de travail, nous n’aurions tous rien (Alle mitsammen nichts hætten). Par conséquent, d’après vous-même, il faut en chercher la cause dans l’organisation existante de la société humaine ! Vous en étiez déjà convenu, en reconnaissant la société comme un élément qui détermine essentiellement le travail dans la forme et la nature de son exécution ; donc, si cela se rapporte à la nature et à la forme, cela doit aussi se rapporter nécessairement au produit net (Ertrag).

Il y aurait donc à changer, dans cette forme de production existante à laquelle la société humaine d’aujourd’hui a empreint le travail dans la nature et la forme de son exécution, précisément ce qui fait que parmi les hommes, les uns reçoivent tant de profit de la société, de la communauté humaine, et les autres, au contraire, si peu.

De cette manière, même votre mauvais livre, vo-