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dans la solitude, il manquerait à sa destination, je parle de sa destination naturelle, car sa destination théologique ne nous importe guère dans cette question. Cette destination de l’homme, comme celle de tous les êtres vivants, est le développement de tous les germes et aptitudes dont ils sont doués par la nature. (Je crois que les ouvriers dans la fabrique de votre ami, le conseiller de commerce et le fabricant Léonar Reichenheim, sont à même de pouvoir développer parfaitement tous les germes et aptitudes dont ils sont doués par la nature).

Mais l’homme n’atteint jamais un pareil développement en se renfermant en lui-même ; au contraire ce développement nécessite absolument une vie commune et un échange possible d’aides réciproques avec les êtres de son espèce. »

Dans ce chaos l’échange joue de nouveau le rôle principal ! Je vous expliquerai plus tard l’abus que vous faites de cette catégorie en la dépouillant de toute précision. Il n’est question d’échange que là où on échange des produits tout faits. Mais, probablement, le conseiller de commerce Reichenheim et ses ouvriers font un échange d’aides réciproques entre eux ! Que c’est gentil ! Que c’est sentimental !

« Sans quoi, en grande partie, la vie misérable, matérielle, serait à peine possible à l’individu, et tout son temps et ses forces s’épuiseraient dans la plus rude et la plus pénible besogne pour la recherche des moyens d’existence les plus nécessaires, sans laisser à l’homme la possibilité de la culture intellectuelle de son esprit et de son cœur. Il ne faut jamais oublier que le sort le plus pauvre, le plus humble qui puisse nous échoir en partage, est préférable à une existence en dehors de la société humaine et privée de tout contact avec les autres hommes. Le plus pauvre journalier dort du moins sur la paille, il a un toit et un vêtement, quelque mauvais