Vraiment, monsieur Schulze ? Vous savez cela ? Vous convenez qu’avant de commencer un travail il faut avoir soin de se procurer les instruments de travail et les moyens de subsistance qu’il faut avoir en réserve, c’est-à-dire disposer d’un capital. Mais, s’il en est ainsi, que devient la liberté et l’autonomie du travailleur privé de moyens ? Avec toute la liberté de travail, selon vous-même, il n’en résultera rien pour le travailleur sans capital ; il ne pourra pas même commencer son travail ; donc, il sera complètement empêché de travailler, exposé à toutes les misères et toutes les exploitations, jusqu’à ce que, d’une manière ou d’une autre, on ait soin de lui procurer « d’avance » les matières, les instruments et les moyens de subsistance qu’il n’a pas. Et tout cela résulte de vos propres paroles ! La liberté industrielle, selon vous-même, grand penseur que vous êtes, pour le travailleur né sans moyens, qui a besoin de ce capital, avant de pouvoir commencer un travail quelconque dans un but de profit, et qui ne l’a pas, ne pourra être que la liberté de choisir une branche de travail à laquelle il ne travaillera pas, ou travaillera en souffrant la faim ; la liberté de domicile se résoudra en liberté de choisir l’endroit où il souffrira la faim ! Telle est la conséquence de vos propres paroles, ô penseur conséquent !
Ensuite, avec cette délicieuse logique qui vous distingue, vous vous évertuez à démontrer que l’argent n’est pas le capital, avant même d’avoir développé l’idée du capital, ce que vous n’essayez que dans le Chapitre II, et pour n’y arriver qu’à la troisième partie.