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tous contre tous, sans rien savoir de sa signification, vous avez un jour entendu prononcer ce mot qu’on emploie, comme je l’ai dit, pour caractériser sarcastiquement la libre concurrence. Et au lieu de voir que c’est là justement le caractère de l’état de choses que vous voulez conserver vous-même, vous trouvez que ce mot fait une belle phrase, « une phrase magnifique », comme dit le juge de paix Schaal dans le Henri IV de Shakespeare, — vous pensez qu’on peut l’employer à volonté comme une étiquette pour des bouteilles de vin, et rendre ainsi mauvaise la chose sur laquelle on l’applique. Et vous voulez faire croire que le socialisme annulerait non seulement la liberté, mais amènerait encore sur le champ de l’industrie la guerre de tous !!

O sublime Schulze !

Vous continuez :

« Cependant cette responsabilité de soi-même suppose comme supplément nécessaire la liberté du travail, l’autorisation des mouvements libres du travailleur dans l’usage des forces et des facultés à l’acquisition de ses moyens d’existence. « Si vous rejetez sur nous la responsabilité de notre existence, parce que la nature nous a accordé les forces nécessaires pour cela, vous ne devez pas nous entraver dans nos libres mouvements pour l’obtention de ce but », répondent avec raison les travailleurs à la susdite réclamation. « Nous reconnaissons que nous devons obéissance aux lois générales, tout aussi bien que les autres citoyens, que nous devons respecter le droit qui nous défend et qui existe pour nous aussi bien que les autres. Mais sur le terrain de l’acquisition, dans l’industrie et le travail doit régner la liberté, chacun doit pouvoir circuler librement et employer ses forces à son gré et selon ses moyens pour gagner sa vie et celle des siens. Si vous intervenez arbitrairement, si vous réglez et limitez, prescrivez et