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usage ; cette dernière forme de travail est presque complètement disparue.

De là cette remarque faite si souvent par des marchands expérimentés, que dans la carrière mercantile ce sont précisément les spéculateurs les plus intelligents qui, le plus souvent, font naufrage, tandis que les plus stupides paraissent avoir les chances les plus favorables.

Ce fait, en apparence si surprenant et si incompréhensible, s’explique très facilement par la donnée précédente.

La somme des circonstances inconnaissables l’emporte en tout temps infiniment sur la somme des circonstances connaissables.

Plus est exacte et importante l’estimation des circonstances connaissables, sous lesquelles le spéculateur a basé son calcul raisonnable, plus sera grande la probabilité que la somme excédante des circonstances inconnaissables modifiera les résultats.

Plus le calcul réfléchi du spéculateur est adapté justement, clairement et exactement, aux circonstances connues de lui, plus il a la probabilité contre lui.

Tout ce dont nous venons de parler, monsieur Schulze, se rapporte à nos conditions économiques en général, et tout à fait en particulier aux commerçants et entrepreneurs, dont vous représentez les intérêts.

Mais dans une tout autre situation se trouvent les travailleurs. Ils sont exclus, eux, de ce jeu de hasard individuel qui exerce sur nos commerçants et entrepreneurs un tel charme, qu’ils oublient que les accidents heureux qui lancent certains d’entre eux très-haut dans la richesse ont leur contre-partie dans leur propre classe, et que c’est pour cela