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Des mines d’or et d’argent très-lucratives, nouvellement découvertes dans d’autres parties du monde, modifient par la baisse de valeur des métaux précieux tous les contrats, rendent tous les créanciers de l’Europe plus pauvres et tous les débiteurs plus riches, tandis qu’une continuelle augmentation de demande d’argent en Chine et au Japon peut avoir un effet tout contraire.

À la seule nouvelle télégraphique que le colza promet une meilleure réussite en Hollande que celle de l’année précédente, les moulins à huile en Prusse perdent tout salaire pour leur activité industrielle, et, souvent, peuvent s’estimer encore fort heureux, s’ils réussissent à vendre l’huile fabriquée au prix d’achat du colza. Chaque nouvelle découverte mécanique qui rend le produit d’une marchandise moins cher déprécie plus ou moins complètement des masses de marchandises de ce genre et ruine grand nombre d’entrepreneurs et de commerçants. Oui, aucun nouveau chemin de fer ne peut être fait, sans que les prix des biens-fonds, des maisons et des établissements dans un autre endroit ou du côté opposé du même endroit, ne soient dépréciés pour longtemps.

Cette suite d’exemples qui peut être augmentée et spécialisée à l’infini nous démontre, monsieur Schulze, combien il est vrai que dans le domaine économique, contrairement à ce qui se passe dans le domaine juridique, chacun est responsable de ce qu’il n’a pas fait.

La raison en est très-simple. Sous le rapport juridique chaque action isolée est le produit du libre arbitre individuel. Dans le domaine juridique il n’y a de commun que l’obligation (loi) ; l’action est le produit du libre arbitre de l’individu ; le domaine économique est régi par les liens sociaux ; il