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convénients qui résultent de la surabondance des récoltes[1]. »

Quand même la récolte de coton au sud des États-Unis a manqué, ou que l’importation languit par une autre raison, en France, en Angleterre, en Allemagne, dans les filatures de coton et les fabriques de toiles peintes, les ouvriers en masse se trouvent sans pain et sans travail.

Mais quand peut-être en Amérique, au lieu d’une mauvaise récolte de coton, règne une crise industrielle ou financière, c’est-à-dire un encombrement étranger sur le marché, quand beaucoup d’hommes sans rien savoir les uns des autres ont fait la même chose et y ont envoyé des quantités excédantes, les exporteurs européens devront vendre aux encans américains leurs consignations à un prix de beaucoup inférieur au prix d’achat et les fabriques de soie et de velours à Crefeld, Elberferd, Lyon, chômeront par suite du manque de commandes.

  1. V. Moniteur, N. 335, v. I. Dec. 1821. Les lois ont été exécutées, mais aucune loi ne peut prévenir les inconvénients qui naissent de la surabondance des récoltes. « Après une récolte abondante, le prix du blé ne baisse pas, comme le croit généralement le public, en proportion à la plus grande quantité de blé, mais dans une proportion beaucoup plus forte, de sorte que la valeur générale de tout le produit de la récolte n’atteint pas la valeur générale du produit de récolte d’une année de récolte moyenne, mais souvent est de 50 % au-dessous. Selon Cordier (Mémoires sur l’agriculture de la Flandre française. Paris, 1823), la récolte de froment en France donna un produit :
    Années
    1817
    1818
    1819
    Hectolitres
    48,157,127
    52,879,782
    63,945,878
    Somme tot. de val.
    2,046,000,000 fr.
    1,442,000,000 —
    1,170,000,000 —

    De là provient la misère des paysans par suite de l’abondance des récoltes.