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que, au contraire, chacun est, de nos jours, responsable de ce qu’il n’a pas fait.

Quand, par exemple, la récolte de raisins à Corinthe et à Smyrne ou la récolte de blé dans la vallée du Mississippi, dans les pays du Danube et dans la Crimée, a été abondante, les négociants de raisins secs à Berlin et à Cologne, de même que les négociants de blé, qui en ont beaucoup en réserve dans leurs magasins, aux prix antérieurs, perdent par la baisse du prix peut-être la moitié de leur fortune. Si au contraire la récolte de blé a été mauvaise, nos ouvriers perdent pendant cette année la moitié de leur salaire de travail et même plus, quoique le salaire en argent reste le même, mais il ne peut leur fournir qu’une part moindre d’aliments[1].

Quand, au contraire, notre propre récolte a été bonne, il nous arrive, comme le roi de France le dit si naïvement et en soupirant dans sa réponse du 30 novembre 1821 à l’adresse des délégués français de la Chambre des députés : « Les lois ont été exécutées, mais aucune loi ne peut prévenir les in-

  1. Ce n’est que pour les « érudits » que nous notons ici la règle de King-d’Avenant connue des économistes et que Tooke (Histoire des prix, V. 1, I. IV, éd. Asher) considère aussi comme approximativement vraie et selon laquelle un déficit dans la récolte de blé hausse le prix en proportion suivante, enchérissant le déficit lui-même 3-9 fois.
    Un déficit dans la quantité de blé de
    1 dixième le hausse à
    2-------------------- à
    3-------------------- à 1
    4-------------------- à 2
    5-------------------- à 4

    Mais encore plus surprenante est la baisse disproportionnée des prix après une bonne récolte.