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et ne pas les imputer aux autres ; que la responsabilité de soi-même et la responsabilité morale constituent la possibilité de toute vie sociale ainsi que de l’État. Seulement, entre êtres qui savent ce qu’ils font et qui en sont responsables, une communauté réglée par des lois morales et politiques, une réciprocité de rapports économiques et civils pour le bien de tous peut exister. »

De la manière la plus naïve du monde, vous égalisez ainsi la responsabilité morale et celle de soi-même, toute juridique, avec la responsabilité économique, comme s’il n’y avait pas la moindre différence entre les deux.

Dans le domaine juridique la responsabilité de soi-même est assurément le principe absolu, par la simple raison que dans la sphère judiciaire chacun ne dépend que de ses propres actions.

Quand quelqu’un pille ou commet un meurtre, ou toute autre action, il en est, comme individu, le seul auteur. Cette action est un produit de son libre arbitre.

Comme il dépendait uniquement du libre arbitre de l’individu de commettre ou non ces actions, la suite nécessaire et évidente en est que chacun est responsable de ses actions, et que par conséquent la responsabilité de soi-même, comme uniquement individuelle, a ici sa raison d’être[1].

Mais le domaine économique se distingue du domaine juridique par la seule petite différence que dans la sphère judiciaire chacun est responsable de ce qu’il a fait ; dans le domaine économi-

  1. La concession est trop forte, et il y aurait beaucoup à objecter contre cette affirmation sommaire et absolue du libre arbitre. Les codes bourgeois eux-mêmes l’ont entrevu en faisant entrer en ligne de compte les circonstances atténuantes. (Note du traducteur.)