Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

règle pour des individus isolés, vivant à l'état de nature, vous n’arrivez pas à la plus petite, la plus infime conclusion admissible dans la société civilisée, soit comme possibilité, soit même comme devoir. Voilà, monsieur Schulze, « l’instruction » que vous apportez aux ouvriers ! Cette confusion irréfléchie des principes les plus simples, ce fatras de paroles que l’analyse la plus superficielle réduit à leur nullité, tel est le bavardage instructif par lequel vous énervez les ouvriers et, par-dessus tout, leur ôtez l’instinct de classe et la force naturelle dont ils jouissaient jusqu’à présent.

À l’aide de votre absurde apologie, la thèse même du souci de soi-même, juste dans un certain sens, devient fausse et menteuse.

De deux choses l’une, monsieur Schulze :

Cette confusion (et nous verrons en outre que tout votre livre n’est qu’une suite continuelle de confusions semblables et même plus graves), cette confusion, dis-je, ou vous l’aurez faite inconsciemment — en ce cas, quand on est un brouillon de ce calibre, on devrait, avant d’instruire les masses, s’occuper soigneusement de ses propres lumières, sans quoi on ne peut communiquer aux masses que les erreurs de sa présomptueuse ignorance.

Rappelez-vous ici qu’avec l’instruction d’un commis-voyageur on peut bien faire des discours parlementaires, — mais pour instruire les masses et les relever il faut une tout autre instruction, une instruction réelle et une grande lucidité de pensée.

Si, au contraire, cette confusion est préméditée, consciente, comment doit-on vous qualifier ? Jugez-en vous-même !

La seconde confusion que vous commettez dans cette phrase est celle-ci : vous expliquez le devoir du souci de soi-même comme l’abandon de cha-