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soin humains, et l’homme atteint ce but moyennant l’emploi raisonnable des forces que la nature a mises en lui. Par là (!!) nous arrivons au premier principe fondamental relativement à la position de l’individu (pour ce qui touche son existence) vis-à-vis de la société humaine : le devoir du souci de soi-même, l’abandon de chacun à ses propres forces. « Tu as des besoins à la satisfaction desquels la nature a attaché ton existence », dit cette sentence, mais la même nature t’a aussi doué de forces qu’il ne tient qu’à toi (!) d’employer justement pour suffire à tes besoins. C’est pourquoi ta destinée est pour une grande part dans tes propres mains, et tu en es responsable devant toi-même et devant tes semblables, auxquels tu ne dois pas être à charge avec tes prétentions, car eux aussi, comme toi, doivent se suffire. »

Ainsi, parce que : « le but du travail est la satisfaction des besoins humains, et que l’homme atteint ce but par l’emploi raisonnable des forces que la nature a mises en lui, nous arrivons par là (!!) à la détermination fondamentale de la position de l’individu, en ce qui touche son existence vis-à-vis de la société : au devoir du souci de soi-même, de l’abandon de chacun à lui-même.

Quelle argumentation classique !

Non qu’il soit impossible de prouver que chacun a le devoir du souci de soi-même ! Je suis également de votre avis, monsieur Schulze, que le souci de soi-même est le devoir de chacun, et, certes, ma manière de voir à ce sujet est infiniment plus étendue que vous ne pouvez même le supposer dans votre cervelle de petit bourgeois.

Mais, si facile qu’il soit de prouver cet aphorisme, — la manière dont vous le démontrez est en tout cas un tour de passe-passe fort amusant. Le saut acrobatique par-dessus le Niagara est une bagatelle auprès du double saut que vous entreprenez.