Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en ce qu’elle a pour but la satisfaction des besoins futurs.

Comment arrivez-vous à cette distinction si monstrueusement arbitraire ? N’en savez-vous pas les étonnantes et ridicules conséquences ?

Ainsi le travail de l’esclave, attendu que l’esclave n’est pas même pour un moment possesseur de son produit et ne peut empêcher son maître de le gaspiller à l’instant, serait généralement une activité d’animal et non un travail humain ? Et pourtant c’est ce qui résulte nécessairement de cette définition ! Mais tenons-nous-en plutôt à notre état actuel. La situation des travailleurs se caractérise justement par le fait que le plus grand nombre d’entre eux ne peuvent rien mettre en réserve ; elle se caractérise par le fait que le travail journalier du plus grand nombre ne leur donne que leur pain quotidien, et par conséquent il ne peut pas même être question d’épargne, de mise en réserve pour les besoins futurs.

Vous-même l’avez reconnu, en tant que vous avez déclaré cent fois qu’il n’y avait que les sociétés de consommation et d’achat de matières premières qui puissent améliorer la condition des travailleurs. Abstraction faite de la question qui reste à élucider, si ces sociétés sont ou non en état d’améliorer la situation des travailleurs, — il est constant qu’elles n’ont pas existé dans le passé.

Pendant cette longue période de temps, la classe ouvrière a travaillé non pas pour la satisfaction des besoins futurs, mais toujours seulement pour la satisfaction des besoins présents, journaliers. Le travail salarié, quotidien, donnait le pain quotidien.

Il résulte ainsi, nécessairement, de votre définition, quand même vous voudriez vous soustraire à