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Blanc) et des travailleurs turbulents des clubs. Par leur masse et l’inutilité de leurs travaux, ils scandalisaient les yeux de Paris : mais ils le défendirent et le sauvèrent plusieurs fois à son insu. Bien loin d’être à la solde de Louis Blanc, comme on l’a dit, ils étaient inspirés par l’esprit de ses adversaires. »

Veut-on connaître exactement tous les buts auxquels devaient servir les ateliers nationaux ? Leur directeur, M. Emile Thomas, en convient ouvertement (Histoire des ateliers nationaux, p. 142) :

« M. Marie me dit que la ferme intention du gouvernement est de laisser s’accomplir cette expérience, la commission du gouvernement pour les travailleurs ; qu’en elle-même elle ne pourrait avoir que de bons résultats, car elle montrerait aux travailleurs tout le vide et toute la fausseté de ces théories impraticables et leurs tristes suites pour eux. Désormais, désabusés pour l’avenir, leur idolâtrie pour Louis Blanc disparaîtrait d’elle-même ; il perdrait sa considération, son autorité, et cesserait à jamais d’être un danger. »

Tel fut le but qu’on poursuivait, en organisant les ateliers nationaux de Louis Blanc. Et afin d’atteindre plus sûrement ce but, afin d’accomplir cette expérience plus sûrement, on ne fit exécuter aux travailleurs que des travaux improductifs. Ces travaux sont spécifiés dans une lettre de leur directeur au ministre Marie.

« Réparation des chemins de ronde et rues non pavées de Paris. — Terrassement sur les rampes d’Iéna, la pelouse des Champs-Elysées et l’abattoir Montmartre. — Extraction de cailloux sur les communes de Clichy et de Gennevilliers. — Création du chemin de halage de Neuilly. » (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution de 1848, VIII, 154.)