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science, pas une goutte de rosée fécondante n’est tombée sur son cerveau, qui va en se desséchant toujours de plus en plus ?

Hélas ! c’est une vieille loi historique ! Les classes périssent en vertu des mêmes forces qui les ont amenées au pouvoir. C’est le développement de la division du travail qui a nécessité l’avènement de la bourgeoisie européenne, et il y a cent ans que l’Écossais Ferguson a donné en deux mots la raison qui, par cette même division du travail, devait causer le dépérissement de la bourgeoisie européenne, j’entends son dépérissement intellectuel, qui est la cause et l’avant-coureur de son dépérissement social. And thikingitself, in this age of separation may become a peculiar craft[1]. Et la pensée elle-même dans ce siècle de la division du travail, deviendra un métier particulier !

Et elle est devenue un métier particulier, cette pensée de la bourgeoisie, et elle est tombée dans les mains les plus misérables, dans celles de nos gazetiers.

Ce n’est pas des journaux eux-mêmes que je veux parler ici, je les ai suffisamment dépeints ailleurs[2], mais seulement de l’attitude du public vis-à-vis d’eux.

Goethe dit :

« Quel autre ton prendront
Les gazettes de toutes nuances
Pour se jouer des Philistins (bourgeois)
Comme s’ils étaient des pantins. »

  1. Ad. Ferguson, An essay on the History of Civil Society, p. 278.
  2. Voir mon discours : Die Feste, die Presse und der Frankfurter Abgeordnetentag. Dusseldorf, 1863.