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plus tard, la raison de cette dénomination, est en décadence, et, dans son aberration naïve, la bourgeoisie allemande prend la fin d’une période pour son commencement, et croit sentir en elle le souffle du printemps et le bourgeonnement ! Cet anachronisme intellectuel, agissant sur toute chose, caractérise les traits du tableau pitoyable qu’elle représente.

Si notre bourgeoisie veut encore jouer un rôle quelconque, elle ne le peut qu’en trouvant des forces pour se relever et se mettre à étudier et à penser, mais non d’après les journaux. Déjà une génération s’est écoulée depuis qu’elle a désappris toute autre manière de penser et de s’instruire, et c’est là la cause immédiate de sa dégénérescence. De grande qu’elle était autrefois, nous la voyons, aujourd’hui, rapetissée, difforme.

Encore un mot aux économistes :

Dans mon Système des droits acquis, publié en 1861, t. I, p. 264, je dis : « Sous le rapport social, le monde en est à cette question : aujourd’hui, que la propriété ne permet plus d’utiliser directement un homme (esclavage), cette même propriété doit-elle permettre d’exploiter indirectement un autre homme (salariat) ? Ce qui veut dire, en somme : la libre manifestation ou le développement de la force personnelle de travail est-elle une propriété exclusive du possesseur de la matière, de l’instrument de travail et de l’avance (capital) et, par conséquent, est-ce à l’entrepreneur, comme tel (abstraction faite de la rémunération de son travail intellectuel éventuel), que doit appartenir une part de la valeur du travail d’autrui ? tel est le profit du capital qui se forme par la différence entre le prix de vente du produit, d’une part, et la somme des salaires et indemnités de tous les travaux, y compris les tra-