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j’appris à vous connaître par la lecture de votre Catéchisme.

Jusqu’alors, je m’abusais totalement sur votre compte.

Je savais que vous n’étiez pas un savant, encore moins un homme de science, comme vous aimez à le faire croire.

Je vous tenais toutefois pour un homme passablement instruit.

Je savais que vous flâniez autour des travailleurs avec des propositions de petit bourgeois, propositions qui ne pouvaient mener à rien. Mais je pensais que ce n’était que par suite de votre faiblesse intellectuelle, qui n’excluait pourtant pas une bienveillance chaleureuse pour les classes ouvrières. Je ne savais pas encore (car je n’avais pas lu votre Catéchisme) que vous les endoctriniez et les maniiez comme un instrument de la bourgeoisie dans l’intérêt de la bourgeoisie et du capital !

De là la manière convenable avec laquelle je vous traitai dans ma Lettre ouverte. De là aussi la reconnaissance sincère que j’y exprimai pour votre bon vouloir, tout en exposant la déplorable impuissance de vos propositions.

Et même, quand après ma Lettre ouverte toute la meute de vos feuilles fondit sur moi et que, pendant des mois entiers, cent cloaques charrièrent journellement contre ma personne les mensonges, les imbécillités et les bassesses les plus inouïes, je ne changeai pas encore mon attitude à votre égard. Je croyais par sentiment de justice exagérée devoir distinguer entre le parti et son chef. Je voyais bien que vous étiez assez peu honnête pour laisser faire votre parti et tirer le plus grand profit possible de chacune de ses ignorances et de chacun de ses mensonges.