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silésiens, ceux des montagnes de la Saxe, l’ouvrier des fabriques du Rhin, pour lesquels la consommation malsaine des pommes de terre est souvent trop coûteuse, auraient presque pour rien du pain et de la viande !

Mais comment cela serait-il possible aujourd’hui ? Quel capitaliste ferait les grandes avances de frais pour de pareilles expéditions et de telles expériences ? En supposant même un succès brillant, ce serait une affaire peu lucrative, puisque d’autres capitalistes ou d’autres sociétés de capitalistes se jetteraient également sur cette branche de production, et par la concurrence libre ôteraient tout l’avantage de l’entreprise au premier entrepreneur qui aurait vaincu toutes les difficultés, la peine et les risques d’un coup d’essai, et n’aurait, en somme, travaillé qu’au profit de ses successeurs. Les capitaux ne se prêtent pas à ce rôle humanitaire, et l’œuvre sur laquelle l’individu ne peut pas mettre exclusivement la main au moins pour quelque temps, surtout si elle exige de grandes dépenses, reste nécessairement non entreprise.

Les exemples allégués doivent naturellement être considérés seulement comme des exemples. Mais il y a un millier d’autres exemples de ce.genre. Tout le domaine de la science et son progrès ne sera véritablement fécond pour la nation que lorsque l’Etat, par les associations productives, se sera mis en rapport direct avec la production.

Et… mais on peut quelquefois pousser trop loin les preuves théoriques et augmenter ainsi par leur juste précision les difficultés pratiques qui s’y opposent et qui déjà ne sont que trop grandes.