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condition, c’est-à-dire si elles ne sont pas propres à pouvoir verser tout ou une partie de leur profit — pour un temps plus ou moins long — dans la poche d’un individu. Quelques exemples pour expliquer notre pensée : Il y a déjà nombre d’années que notre célèbre physiologiste Burmeister a démontré que rien ne serait plus facile comme d’utiliser pour l’alimentation de nos travailleurs européens, nourris de pommes de terre, les innombrables troupeaux de buffles qu’on voit au Texas et dans l’Amérique méridionale et centrale paître tout près de la côte et qui, tués par les indigènes pour leur plaisir, sont abandonnés jusqu’à ce qu’il pourrissent, personne ne se souciant de leur viande sur les lieux ; abattre et transformer même leur chair en gélatine qui, tout en gardant sa faculté nutritive, pourrait être réduite en très petits volumes, c’est ce qu’il faudrait faire : car le transport de ces masses étonnantes nécessiterait des frais très modiques. Il y a plus de cent ans que le circumnavigateur Cook a déclaré que celui qui avait planté un seul arbre à pain avait fait autant et plus pour l’alimentation du genre humain qu’un travailleur européen qui s’était tourmenté toute sa vie. La substance alimentaire des fruits de l’arbre à pain pourrait tout aussi bien, par des expéditions dans les îles de la Réunion, être concentrée dans de très petits volumes. Pendant la guerre de Crimée, on s’est parfaitement convaincu de la possibilité de fournir des vivres comprimés pour les armées[1]. Notre pauvre peuple qui souffre et endure la faim, les tisseurs

  1. A l'exposition industrielle de Londres de 1862 il y avait des modèle» de pareille viande provenant de l’Uruguay, concentrée par le dessèchement et qui avait 1res bon goût. Voir Lothar Bucher Bilder auf dev Fremde, t. II, p. 178 et suiv.