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nature : La branche industrielle à laquelle on applique le principe coopératif, ne devrait jamais être de nature mercantile (spéculative).

En y regardant de près, on trouve là une observation très juste, mais qui ne tourne qu’au plus grand avantage des associations productives.

En effet, la bourgeoisie est douée d’un talent tout à fait spécial : celui de la spéculation. Ce talent, dans son sens réel, se résout partout en cette question : Par quelles ruses puis-je attirer à moi la vente ou le profit de mon co-producteur ?

C’est ce talent, résultant de la concurrence libre, qui a pour suite non pas l’augmentation de toute la somme de production, mais sa distribution, son transfert des mains d’un individu dans celles d’un autre. C’est le talent de la tromperie. En cela il faut lui rendre justice, la période bourgeoise est incomparable ! Élevés dès leur jeunesse dans cette atmosphère de concurrence libre, messieurs les bourgeois voient dans cette concurrence leur élément naturel. De même que l’Indien dans les forêts reconnaît la trace du gibier à des indices absolument imperceptibles pour l’Européen, ainsi les bourgeois ont acquis un sens qui leur est propre pour dépister chaque probabilité de gain sur autrui !

Le travailleur est productif, il partage parfaitement le talent productif de la bourgeoisie ; mais ce talent spéculatif, il ne l’a pas et il faut espérer qu’il ne l’aura jamais.

Un motif de plus pour que de petites associations ouvrières, comme se les imagine M. Fawcett, ne puissent qu’être écrasées par la bourgeoisie.

Mais de même que les ruses et les intrigues du renard ne peuvent tenir longtemps contre le coup de griffe du lion, et les sens subtils de l’Indien contre le feu de peloton de l’Européen, de même