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très utiles et gagner leur salaire de travail intellectuel, tout aussi bien qu’ils le gagnent aujourd’hui en menant leurs propres affaires. Et même ce salaire pour le travail intellectuel serait beaucoup plus abondant que celui qu’on paye aujourd’hui, ou que celui qui est réellement perçu sur le revenu d’entreprise ; car je vous ai déjà démontré dans mon Manuel des travailleurs (p. 53), comment la hausse du payement de travail ordinaire, non qualifié, doit amener aussi une hausse correspondante du payement de tous les travaux qualifiés et intellectuels.

Dois-je perdre encore un mot à propos de votre magnifique argument, que les finances nationales (Steuersaeckel) seraient bien surchargées par une pareille mesure d’État ? Ces finances nationales n’auraient pas même besoin de rien débourser ! Tout capital est une avance de production, qui se restitue d’elle-même dans la production par le montant des produits et qui se divise en deux parties :

1) Capital circulant, qui se restitue dans la production dans le courant d’une année ou même de quelques mois ; dans la plupart des cas il n’est payé par les entrepreneurs — qui à leur tour jouissent du crédit chez leurs fournisseurs de matières premières — qu’après que cette restitution a eu lieu. Mais ce crédit, les associations ouvrières garanties par l’État le trouveraient tout aussi bien chez leurs fournisseurs de matières premières que les plus riches entrepreneurs privés, et quant aux autres besoins d’argent, ils pourraient être plus que suffisamment satisfaits par une simple garantie de la Banque nationale, qui escompterait les lettres de change de ces associations ouvrières.