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pagnée d’une croissance et d’un profit constants. Lisez là-dessus le premier bon livre de statistique que vous trouverez, et vous verrez dans quelle croissance annuelle constante se trouve le capital national engagé dans la production.

Il vous paraîtra clair que si l’Etat se décidait à une pareille émancipation du travail en gros, il se présenterait dans chaque ville, non pas des travailleurs séparés, mais tous les travailleurs du métier en question, donc toute la corporation, ou au moins tous ceux de ces travailleurs qui voudraient se réunir en associations productives.

Si vous avez le moindre doute à ce sujet, je me permettrai de vous faire observer que déjà à Paris en 1848, quand l’État, après la révolution de juin, voulant faire semblant d’être juste envers les travailleurs victorieusement mitraillés, accorda, par le décret du 5 juillet 1848, la ridicule subvention de 3.000.000 de francs aux associations ouvrières, ce phénomène se manifesta dans toute sa force, grâce à l’instinct des masses.

Ainsi à Paris 30.000 cordonniers se présentèrent pour former une seule association de cordonniers[1].

Il va sans dire que le conseil d’encouragement établi pour la répartition de cette concession, et qui était un véritable conseil de découragement, repoussa la requête des cordonniers.

L'association fraternelle des tailleurs projetée embrassait tous les tailleurs de Paris, au nombre de plus de 20,000 et, le 28 mars 1848, ils avaient même conclu un contrat avec la ville de Paris pour une fourniture de 100,000 uniformes et ils avaient

  1. Études sur les associations ouvrières, par M. le vicomte Lemercier, p. 92.