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raient pu être secourus ; car, comprenez-le bien, dans chaque état social tout prend la direction du courant principal et en subit la loi. Id quod plerumque fit — vous en rappelez-vous encore ? — ce qui arrive généralement détermine chaque cas isolé. C’est pourquoi les questions économiques ne se laissent jamais résoudre en détail, elles exigent toujours des mesures générales. Rien ne serait plus facile à la concurrence libre que d’écraser une poignée de travailleurs associés.

Comme les gros bataillons sur le champ de bataille, ce sont toujours les grandes masses de travail, les grands capitaux qui, sur le champ économique, décident de la victoire. C’est pourquoi rien ne serait plus facile que de transformer la concurrence libre, qui étouffe aujourd’hui le travailleur, en un instrument de sa délivrance.

Mais il faudrait pour cela placer les gros bataillons du côté des travailleurs, du côté des associations, ce qui n’est au pouvoir que de l’Etat, lequel sur le champ économique, comme sur le champ de bataille, est le seul qui par le crédit de l’État puisse mettre en mouvement les gros bataillons de travail et par là déterminer la victoire.

De cette manière l’objection sur laquelle vous insistez et qui vous paraît de la plus haute importance se réfute d’elle-même. Comment l’Etat peut-il l’entreprendre à ses risques et périls ? vous écriez-vous. Les risques et périls ne sont qu’une illusion, monsieur Schulze !

En effet, les entrepreneurs Pierre et Paul courent le risque de perdre leur capital dans la production : car il est possible que les entrepreneurs Christohe, Amédée et Jean attirent à eux leur débit.

Mais si le producteur isolé court ce danger, la production ne le court nullement. Elle est accom-