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convenez maintenant que l’aide-toi n’aide en rien, que le prolétariat doit chercher l’aide du capital ou du crédit en dehors de lui, il vaut mieux pour lui de le chercher plutôt auprès du pouvoir législatif, pour rester homme libre^ que chez les hommes de Manchester, pour devenir le serviteur soumis et châtré de Monseigneur (le capitaliste). Ne voyez-vous pas qu’avec une somme aussi mesquine que celle que vous avez réunie grâce à la générosité des conseillers de commerce libéraux, pour mieux fasciner les travailleurs, on pourrait peut-être venir en aide à une poignée de travailleurs, les transformer en bourgeois, en les transportant dans des conditions bourgeoises, mais jamais on ne pourrait améliorer la situation du prolétariat[1], jamais briser les chaînes du capital, analysées précédemment ?

Mais même cette poignée de travailleurs n’au-

    ment de leur propre énergie, jamais, au prix d’un soutien dont ils n’ont pas besoin, ils ne se laisseront réduire à la dépendance qui atteint quiconque, dans l’importante question de l’existence, s’appuie sur la bonne volonté des autres, sur les secours d’autrui. » Et encore, p. 123 : « Celui qui réclame le soutien d’un autre, fût-ce même celui de l’État, accorde à celui-ci l’arbitrage, la surveillance de sa personne, et il renonce à son autonomie. Ce serait une renonciation à soi-même, un abandon de l’esprit des ancêtres, une trahison de la postérité, » etc., etc.
    Dans ces mots : « …… d’un autre, fût-ce même celui de l’État », vous admettez que l’appui d’un autre est encore pis que celui de l’État. Ainsi vous combattez, p. 78, le soutien qui émane des classes riches de la société. Comp. p. 128 et presque chaque page de votre livre. Après cela, vous commettez tout à coup vous-même la trahison en vous procurant de ces mêmes classes 100.000 thalers !

  1. Partout où nous mettons classe ouvrière ou prolétariat, Lassalle avait mis arbeiterstand (état ouvrier), mot qui, en français, peut prêter à l’équivoque. (Note du traducteur.)