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Ce socialisme anarchique, c’est la propriété bourgeoise.

Ainsi ce que veut le socialisme, ce n’est pas abolir la propriété, mais au contraire introduire la propriété individuelle fondée sur le travail.

Même en voulant faire abstraction de cette propriété de capital une fois formée (supposons, légalement et d’accord avec les conditions établies, aussi peu légales que celles-ci puissent être elles-mêmes), nous avons du moins le droit le plus incontestable de façonner en propriété de travail la propriété de l’avenir non existante encore, en donnant une autre forme à la production.

Il faut espérer que messieurs les bourgeois ne voudront pas soutenir l’opinion féodale : que les travailleurs sont leurs glebæ adscripti, leurs serfs, et que même, le secret de la production d’aujourd’hui étant dévoilé, le peuple doive continuer ce mode de production et rester l’esclave du capital. Malheur à eux, s’ils soutenaient une pareille opinion, ou s’ils amenaient le peuple à la conviction qu’ils la soutiennent !

Mais — demanderez-vous peut-être — comment changer cet état de choses et faire que l’instrument de travail mort change de rôle avec le travailleur vivant, et que celui-ci attire à lui son produit de travail, puisque, comme nous l’avons développé nous-même, ce produit n’est que le résultat nécessaire de la division du travail ?

C’est très simple ! Il ne s’agit nullement de rompre avec la division du travail, cette source.de toute civilisation, mais seulement de dégrader le capital, d’en faire de nouveau un instrument de travail mort. Il ne s’agit pas de supprimer la division du travail, mais plutôt de la développer le plus possible.