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de l’effet des enchaînements sociaux apparaît sous son vrai jour ; ce n’est qu’ici que, relu de nouveau, il gagne en clarté, et ce n’est qu’à présent qu’il aurait dû être fait. Mais vous comprenez que ce n’est pas ma faute, si, en commençant par la fin, vous m’avez obligea vous suivre dans voire marche. D’ailleurs si vous avez suivi attentivement nos débats, vous verrez clairement par quelles voies (notamment la valeur d’échange et le prix du marché) celte iniquité sociale, en vertu de laquelle chacun appelle sien ce qui n est pas le résultat de son travail a produit ce fait que dans le milieu entrepreneur lui-même, chacun est également responsable de ce qu’il n’a pas fait ; qu’un état de production transformé en simple jeu de hasard joue au ballon avec les hommes et avec les capitaux, et le seul grand courant qui traverse impassiblement le tourbillon de ce hasard, c’est l’absorption du petit capital par le grand qui le décapitalise constamment.

Les soucis des entrepreneurs, leurs luttes constantes et impuissantes contre le grand capital, les modifications perpétuelles (qui atteignent même les petits rentiers vivant complètement retirés et en dehors de toutes affaires), modifications de leurs rapports de propriété par les rapports sociaux, qui sont tout à fait en dehors de leur action et de leur responsabilité, les pertes qui, dans bien des entreprises spéculatives, sont la conséquence de calculs justes, les gains qui souvent récompensent des calculs faux[1], ce continuel persiflage de l’esprit d’entreprise par les faits : telle est la vengeance conséquente qu’éprouve le capitaliste lui-même et la perpétuation d’un état de choses où il est établi,

  1. Voir page 51.