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d’égalitaires, confond la légitime valeur de l’instrument, celle d’un service humain, avec son résultat utile, toujours gratuit, sous déduction de cette légitime valeur ou de l’intérêt y relatif. Quand je rémunère un laboureur, un meunier, une compagnie de chemin de fer, je ne donne rien, absolument rien, pour le phénomène végétal, pour la gravitation, pour l’élasticité de la vapeur. Je paie le travail humain qu’il a fallu consacrer à faire les instruments au moyen desquels ces forces sont contraintes à agir ; ou ce qui vaut mieux pour moi, je paie l’intérêt de ce travail. »

En face de Proudhon, qui fut autrefois un homme d’esprit, mais nullement un économiste, cette passe ridicule pouvait être bonne. Mais vous voyez, monsieur Schulze, que le fleuret impuissant de votre maître Bastiat n’atteint que l’espace vide.

Oui, nous avons appris du grand économiste anglais que dans les prix des produits, le travail humain seulement est payé par le consommateur, et non pas les forces de la nature[1] ; nous l’avons appris beaucoup mieux que Bastiat, qui l’ignore complètement, comme nous l’avons vu !

Mais nous avons vu en même temps que ce paiement du travail humain, par la différence des salaires de travail et des quantum de travail qui déterminent les prix, revient nécessairement et toujours à ceux qui ne le méritent pas ; que si le travail est payé, il ne l’est pas aux travailleurs ; que le produit de ce travail est sucé par l’éponge du capital, qui de toute la pluie abondante de notre production no laisse au peuple que l’humidité nécessaire à une existence nécessiteuse. Si le capita-

  1. La forme analogue, et néanmoins différente que prend la rente foncière ne peut pas être exposée ici.