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présenter le profit d’entreprise comme salaire du travail intellectuel[1].

En outre, voulez-vous faire ressortir, en pratique, la part absolument insignifiante du revenu de l’entrepreneur que représente ce salaire pour la gestion intellectuelle ? Vous n’avez qu’à regarder autour de vous. Combien y a-t-il de propriétaires fonciers, combien de gros fabricants et de négociants qui font gérer leurs biens et mener leurs affaires par des intendants, des gérants, des directeurs, etc., tandis qu’eux-mêmes voyagent en Italie, en Orient ou ailleurs, et ne s’occupent guère de la gestion de leurs affaires. Le traitement de ces gérants, si insignifiant comparativement au profit des entrepreneurs, indique la somme à laquelle ces messieurs peuvent évaluer leur propre activité intellectuelle, quand ils mènent leurs affaires eux-mêmes.

Dans les grandes entreprises modernes par actions, telles que chemins de fers, banques, etc., cette division se manifeste même nécessairement. Le capitaliste ou V entrepreneur composé d’une pluralité de personnes ne peut, précisément en raison de cette pluralité, mener ses affaires lui-même et il prend un directeur à gages. Si le profit de l’entreprise consistait dans la rémunération de l’activité intellectuelle de la gestion des affaires j d’où viendraient les 13 % de dividende que les actions du chemin de fer de Cologne-Minden rapportent à leurs entrepreneurs (actionnaires) qui ne se sou-

  1. En cela, Say a devancé tous les autres. Il ne faut pas confondre avec cette tendance française prétendue humanitaire, la série des économistes humanitaires parmi les Français, tels que Vauban, Bois-Guilbert, Forbonnais, Necker, Sismondi, Eugène Buret qui font honneur à la France et qui lui donnent sur ce point un avantage sur l’Angleterre.