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d’autant plus pauvres deviennent les travailleurs !

Et n’essayez pas, M. Schulze, comme vous l’avez certes déjà essayé, de faire accroire aux travailleurs que le profit qui revient toujours au capital n’est que la rémunération du travail intellectuel de l’entrepreneur, le salaire pour la gestion intellectuelle des affaires. Ce n’est qu’une partie tout-à-fait insignifiante du revenu de l’entrepreneur qui peut être considérée comme telle, et cette toute petite partie n’est nullement comprise par moi dans ce que j’appelle profit du capital[1].

Que ce salaire pour le travail intellectuel de l’entrepreneur, ne forme qu’une partie insignifiante de son revenu d’entreprise, c’est d’ailleurs ce que la science sait depuis longtemps[2] et les économistes libéraux l’ont admis assez souvent[3]. Les économistes anglais, avec une franchise très louable, ont toujours considéré le profit d’entreprise comme prime du capital et ils ont complètement négligé, à cause de son peu d’importance, cette partie du profit d’entreprise, qu’on pourrait considérer comme salaire de travail intellectuel. Ce n’est que dans la tendance soi-disant humanitaire des économistes français, qu’a son origine ce mensonge qui veut

  1. Comparez avec l’endroit cité dans la préface.
  2. Siche von Thünen, der naturgemässe Arbeilslohn, Rostock, 1850, l. Abth., S. 80 ff ; Mario (Professor Winkelblech) System der Welt-Œkonomie, Th. I, c. 4. Th. II, c. 11, 12, 13 ; Sismondi, Nouveaux principes, T. I, p. 359 c. b. d’a.
  3. Parmi les économistes libéraux, voir surtout Nebenius, le Crédit public, chap. 2 ; Herrmann Staatsw. Unters ; N. 204-214 ; Storch, Cours d’écon. pol. T. II, p., 87, ff, éd. St Petersbourg ; Schön, Nouvelles recherches sur l’écon. polit., v. 87 cl 112-116 ; Hiedel, économie politique, § 466-477 et 785 ; Rau, Principes, etc., p. 311-323 et une foule d’autres.