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croissant de son propre travail, et qu’il est réduit aux moyens d’existence indispensables : dans ces conditions, son travail est improductif pour lui. L’entretien, l’esclave aussi devait l’avoir, et l’esclave antique l’avait plus abondamment que nos travailleurs mal nourris. Et la contradiction est d’autant plus forte et d’autant plus intolérable que cet esclave moderne est juridiquement déclaré homme libre. C’est dans l’improductivité du travail qu’est le secret de la productibilité du capital et vice versa. Dans la différence des quantum de travail qui sont payés dans le prix des produits et des salaires de travail, — différence que vous omettez si naïvement plus haut (p. 160) se trouvent ces deux choses : le profit revenant toujours au capital, la prime du capital, la force productive du capital se multipliant toujours par elle-même, étant perpétuellement génératrice, c’est-à-dire sa productivité qui s’est enfin manifestée par la concurrence libre.

Pas une goutte de sueur d’un travailleur, avons-nous dit, qui ne soit payée au capital dans le prix des produits ; tandis que le travailleur lui-même est réduit aux moyens d’existence nécessaires en usage chez le peuple, comme nous l’avons déjà démontré. Il n’est pas un thaler, entre les mains de l’entrepreneur, qui ne doive procréer demain un autre thaler, par un nouveau placement dans la production. Ces deux proposition se résument maintenant en dernière analyse dans la proposition suivante : Aucun thaler, c’est-à-dire aucune goutte de sueur du travailleur qui ne doive engendrer demain une nouvelle goutte de sueur stérile pour le travailleur et un nouveau thaler au capital ! Cette productivité croissante du travail ne profite donc en rien au travailleur, et nous voyons que plus les