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loi. Vous m’aviez objecté que ce n’était que le rapport de l’offre et de la demande qui déterminait les prix des salaires de travail.

C’est parfaitement vrai ! Mais c’est justement la grande et repoussante hypocrisie de votre part et de la part de MM. Wirth, Faucher, Michaelis et de toute votre coterie, que de prendre l’air de vouloir dire autre chose que moi, tandis qu’en d’autres termes vous dites exactement la même chose. Pendant que vous déterminez le salaire de travail exclusivement par l’offre et la demande, vous le traitez — et cela de nos jours avec plein droit historique — comme une marchandise.

Gomme le prix de toutes les autres marchandises, le prix du travail est déterminé par les rapports de l’offre et de la demande. C’est parfaitement vrai. Mais qui est-ce qui détermine, en tout temps, ce prix du marché de chaque marchandise, ou la moyenne du rapport de l’offre et de la demande d’un article quelconque ? Les frais nécessaires à sa production, comme nous venons de le voir et comme d’ailleurs vous le dites vous-même parfois. Le marché est quelque chose de singulier, insensible et qui n’a rien avoir avec l’esthétique, M. Schulze ! Une livre de fil filé de la propre main de Mme la Duchesse — dit l’ancien économiste écossais sir James Stewart[1] — vaut au marché autant et pas plus qu’une livre de même fil filé par une pauvre servante qui ne consomme pas six pences par jour. Le marché est tout à fait indifférent à l’essence des marchandises ; peu lui importe que ce soit de la porcelaine de Chine, ou du coton d’Amérique, d’infectes peaux de veau marin, de l’assa fœtida, de jolies esclaves circassiennes, ou du travail, c’est--

  1. Principl. of polit, econ. T. I, ib. I, c. XX, p. 83, ed. Bas.