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remplir ses propres grandes obligations, et le petit agriculteur, avec ses petits rapports et ses petites obligations qui n’en sont que plus écrasantes, ne produisent tous les deux que des valeurs d’échange, et la production pour le propre usage, ou la valeur d’usage proprement dite, tend également à disparaître de plus en plus dans les travaux agricoles.

Il résulte en outre que la loi de Ricardo : le prix des produits est égal à leurs frais de production[1], est absolument vraie pour le présent, mais ne l’était pas autant pour la production du moyen âge.

Dans l’organisation des corps de métiers du moyen âge, les prix dépendaient en grande partie de la détermination (résolution) des producteurs qui pouvaient s’en tenir à un profit correspondant à la position sociale, et avec le débit limité que chacun pouvait atteindre, vu la limitation de ses forces de travail, ils n’avaient aucun motif d’en démordre. Les fréquents maximum de prix qui furent décrétés prouvent qu’ils ne maintenaient que trop cet intérêt. Sous la domination nivellatrice de la concurrence libre, cela se modifie. Chacun offre à meilleur marché que l’autre, pour lui enlever son débit, ou bien il est forcé par celui-ci d’offrir à meilleur marché. Ainsi le prix de vente du produit

  1. Cette loi du prix de coût, que J. B. Say n’a jamais su comprendre et contre laquelle il éclate en diatribes si ennuyeuses, tant dans ses remarques à Ricardo que dans sa correspondance avec celui-ci, a déjà été développée en détail avant Adam Smith, par l’ancien économiste écossais James Stewart (An inquiry into the principles of polit. econ., To. I, lib. II, c. 4, how the prices of goods are determined by trade), mais avec la grande différence que Stewart considère encore le profil du capital et la rente foncière comme des éléments particuliers des frais de production, tandis que chez Ricardo ils sont aussi résolus en quantum de travail.