Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous rallions à notre cause les rois et les archevêques ! Courage, et nous vaincrons malgré la bourgeoisie »…

Lassalle continua d’une voix émue : « Vos ennemis et les miens me briseront peut-être et peut-être que ma fin est proche, mais lorsque je ne serai plus, que mon souvenir vous serve encore de drapeau, et mes ennemis mêmes me rendront hommage. Prolétaires, l’avenir est à vous ; ne faillissez point.

« Restez fidèles au socialisme, aimez et respectez toujours vos amis, ceux qui avec moi vous défendent par la plume ou par la parole. Il dépend de vous que l’humanité soit bientôt régénérée ».

Ces paroles dites d’une voix émue impressionnèrent l’auditoire, et le dernier triomphe de Lassalle ne fut pas le moins complet.

Ses tristes pressentiments ne devaient que trop tôt être justifiés. Dans sa vie d’agitateur, Lassaile avait conservé toutes ses habitudes mondaines ; il était resté un viveur à la mode et la chronique galante avait parlé de lui.

Au printemps de 1864, il alla à Genève avec la comtesse de Hatzfeld…

Entraîné dans une affaire d’amour avec une jeune Bavaroise, il se fit provocateur dans un duel… Le duel eut lieu à Carouge, le 28 août 1864. Lassalle fut tué raide au premier coup de pistolet tiré par son adversaire. Il n’avait que 39 ans !

Ainsi, pour un prétexte futile, tomba, à l’apogée de sa gloire, le grand réformateur. La comtesse de Hatzfeld transporta pieusement le corps de son ami en Allemagne, et sur tout le parcours des provinces rhénanes les ouvriers accouraient par milliers, donnant libre cours à l’explosion de leur douleur, et le cortège funèbre fut un triomphe pour