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rentes d’argent superflues, il ne pourrait pas les capitaliser et les multiplier dans sa propre production.

Car, par sa forme, tout cet ensemble est tellement stable et immobile, avec son système des services réciproques déterminés, sa précision de toutes les forces de travail, des modes d’utilisation, des devoirs, des droits et des charges en nature, que cet ordre de choses n’offre nulle part l’espace ni la possibilité pour un placement et une multiplication de ce genre.

Il est manifeste, par exemple, qu’il serait plus lucratif de semer tel champ de froment plutôt que de seigle ou de fourrage ; ou bien de trèfle et de luzerne, plutôt que de froment. Mais ce champ est grevé d’une redevance en nature de dix muids de seigle, ce qui fait que le champ doit toujours rester un champ de seigle. Ou peut-être, tel bois gagnerait à être défriché et converti en un champ de froment. Mais avec ces rapports de services réciproques en nature, qui lient le seigneur féodal avec les colons, les communes, l’Église, etc., ce bois est grevé de tant de redevances en nature, de tout genre, qu’on ne peut pas même songer à un changement de culture. La particularité engendre nécessairement avec le système des services particuliers et en nature[1], la propriété germanique ou la propriété divisée (dans le sens juridique en propriété supérieure et propriété inférieure, en dominium et en usufruit) et chaque changement ou augmentation de culture, est dans tout état de cause rigoureusement empêché.

Vous pensez peut-être que les choses se passaient autrement dans les villes ?

  1. Voir les détails sur cette connexion dans mon Système des droits acquis. T. 1, p. 260.