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Tous ces moyens de jouissance qui entourent le seigneur en abondance, il peut les consommer, et c’est ce qu’il fait honnêtement ; il en jouit avec plénitude, avec insouciance et gaîté, et beaucoup plus humainement que cela n’a lieu aujourd’hui ; vous le savez bien par l’exemple de votre ami Reichenheim qui, en écoulant Beethoven ou Mozart à l’Opéra, est subitement pris par les soucis de la capitalisation, qui empoisonnent tout son plaisir.

Mais tous ces moyens de jouissance, le seigneur ne peut que les consommer, ou les conserver pour une consommation future ; il ne peut pas les faire multiplier par eux-mêmes.

Car, par la nature de ses rapports, le seigneur n’aboutit qu’à la valeur d’usage particulière ou le service, ce qui est la même chose ; il n’est pas encore en face de la valeur d’échange générale, de l’argent ; il ne contemple pas encore Dieu le Père en personne, face à face. Le service était le lien général qui liait tous les membres de l’État entre eux et au chef suprême de l’État, dit Maurer avec raison (Gesch. der Frohnhöfe, I, 376). En effet, si l’absurde invention du service de Bastiat était vraie à un point de vue quelconque, elle le serait (mais dans un tout autre sens que lui donne Bastiat) pour le moyen-âge, en temps que la valeur d’échange n’y existe pas encore, tandis que, d’après cet illuminé, le service doit servir de principe de la valeur d’échange.

Ce propriétaire foncier lève, il est vrai, aussi des intérêts d’argent, qui successivement, de plus en plus, s’établissent au lieu et place des redevances en nature ; mais cet argent ne peut suffire qu’à acquérir les produits de luxe qui existent dans le commerce universel, et qui ne sont pas fabriqués dans ses domaines fonciers, et quand même il aurait des