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libres sont aussi sujets à ces corvées, comme les non libres ; ces derniers trois jours dans la semaine tandis que les premiers ne donnent, en général, que cinq à six semaines par an[1].

Mais, abstraction faite de la culture des terres, il n’existe aucun genre de services que sous le système féodal, les colons (Mansi) libres et les serfs, les bourgs corvéables à différent degrés, et les bourgeois des petites villes, ne soient obligés de rendre au seigneur.

Figurez-vous un jour de paiement de redevances, où le noble seigneur féodal perçoit les revenus qui lui incombent. Quelle abondance de seigle, d’orge, de poules, de jambons, de bœufs, de porcs, d’œufs, de beurre, d’huile, de fruits, de cire, de bougies, de miel ! On voit même des gâteaux, des bouquets de fleurs et des chapeaux de rose[2]. Les tailleurs, les cordonniers de la ville qui se trouvent sous sa suzeraineté — rappelez-vous le principe : nulle terre sans seigneur — lui apportent les habits et les souliers qu’ils ont fait pour lui et ses gens, pendant les semaines de corvées[3]. De même les gantiers, les faiseurs de gobelets, les fendeurs de bois et les charpentiers doivent travailler pour lui, sans salaire (sine mercede) ; les maréchaux ferrants et les serruriers doivent lui fournir des chaînes et des flèches, et en outre une certaine quantité de

  1. Voir, par exemple, Perlz, Monum. hist. Germ. III (Leg. loin I), p. 177 : Respiciunt ad eandem curtem mansi ingenuiles vestiti 23. Ex his sunt 6 quorum unusquisque.... operatur annis singulis ebdomades 5, arat iurnales 3, etc , etc.
  2. V. par exemple : Monteil, Histoire du quatorzième siècle, chap. la Table de Pierre. T. I, p. 84.
  3. Voir le compte rendu par le bailli d’Aval, en 1347, chez Monteil, p. 85.