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trouvaient huit femmes, mises aussi très-bien sur le lit était un matelas de velours, recouvert de deux garnitures de soie, pardessus une magnifique couverture, un délicieux traversin et deux ravissants coussins ; l’échafaudage du lit disparaissait complètement sous les riches tapis qui en formaient le ciel ; au pied du lit brillaient deux lumières sur deux candélabres gigantesques et aux murs scintillaient au moins une centaine de chandelles.

Lisez aussi la description que fait notre chevalier quand il parcourt les pays travesti en dame Vénus : « Je passai ici l’hiver, et me fis tailler des habits de femme ; on me fit douze robes et trente manches de femme avec des petites chemisettes ; j’y acquis quelques tresses que j’entourai de perles, qu’on vendait là en quantité surprenante ; on me tailla aussi trois manteaux de velours blanc ; les selles des chevaux étaient blanches comme l’argent ; (l’ouvrier y avait mis beaucoup de peine et de travail) ; les caparaçons en drap blanc étaient longs et superbes, et les brides magnifiques. On tailla aussi de beaux habits de drap blanc pour douze écuyers ; on me fit cent lances blanches comme V argent ; tout ce que ma suite portait était blanc comme la neige ; mon casque était blanc, et blanc mon bouclier ; je fis couper de cinq pièces de velours blanc, trois couvertures devant servir d’habillement d’armes de mon coursier, ma cotte d’armes à moi, devait être un petit jupon bien plissé et faite d’un fin drap blanc[1].

Vous voyez, M. Schulze, qu’on ne se refusait rien alors. Et pourtant le propriétaire de toutes ces belles choses, le seigneur du moyen âge, était-il un capitaliste ?

  1. Frauendienst, p. 84.