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Mais examinez cette autre définition que vous donnez également et qui se condense dans ces paroles : le capital, c’est les instruments de travail, ou cette autre généralement donnée par les économistes : le capital c’est du travail accumulé. Ou bien encore celle que je vous donnai plus haut (page 96) : le capital c’est l’ensemble des produits employés à une production ultérieure.

Jetez de nouveau un coup d’œil sur l’Indien qui, dans les forêts vierges de l’Amérique, son arc en mains, chasse pour gagner sa vie.

Cet homme est-il un capitaliste ? Cet arc est-il un capital ?

Vous voyez que les trois définitions sont exactes. L’arc est en effet un instrument de travail. Il est aussi du travail accumulé et un produit employé à une production ultérieure.

Et pourtant, monsieur Schulze, ce sera contraire à votre propre conviction d’appeler cet Indien un capitaliste.

Ainsi vous voyez que toutes ces définitions doivent être encore fausses, puisqu’elles ne renferment pas en elles le juste et le distinctif.

Mais peut-être — car qu’y a-t-il d’impossible pour vous ? — peut-être faites-vous violence à votre sentiment et vous dites : Oui, l’arc est un capital et l’Indien est un petit capitaliste.

Mais il serait très facile de vous démontrer que cet arc n’est pas un capital et que l’Indien n’est pas un capitaliste.

Pour mieux comprendre cela, transportez-vous pour un moment avec un arc semblable dans ces mêmes forêts. L’arc vous mettrait à même de pouvoir tirer le gibier ; il vous aiderait — et c’est pourquoi il s’appelle instrument de travail — dans votre propre travail, dirigé immédiatement vers l’ac-