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jusqu’au petit relieur qui vend des portefeuilles, des porte-monnaie et du papier, s’ils peuvent payer leurs lettres de change avec leurs produits, quand même ils s’en rapporteraient à J.-B. Say et affirmeraient que ce sont des capitaux. Qu’on voie au moyen de quels sacrifices le petit commerçant, quand le jour de l’échéance de ses lettres de change approche, doit souvent se procurer le capital nécessaire chez l’usurier ou de toute autre manière, quoique les magasins et les boutiques regorgent des capitaux de Say, c’est-à-dire de produits immobilisés.

Pour leurs vendeurs, les produits ne sont donc pas des capitaux. Pour qui le sont-ils ? Ils peuvent, entre les mains d’un troisième, être employés à une production ultérieure et devenir capital. Mais pour servir de capital ils doivent être achetés auparavant, passer par la forme d’argent, être préalablement convertis en argent. Ils ont la possibilité de devenir capital. Mais la possibilité est-elle une réalité ? Une simple capacité est-elle une réalisation et un fait accompli ?

La précision concrète des produits simples (le capital fixe, comme, par exemple, une machine à vapeur, n’est plus un produit simple, mais appartient à une catégorie supérieure, plus déterminée, dont nous n’avons pas à parler ici), la précision concrète des produits simples, disons-nous, consiste chez eux dans l’interruption du caractère de capital et parfois dans son annulation temporaire.

La pulsation du capital, qui passe par le procédé bourgeois de production, est intermittente, et dans ces intervalles le capital s’appelle produit. Si cette pulsation entre de nouveau en mouvement, le produit est annulé et consommé par la production ultérieure !