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pital ne consiste que dans les produits réels d’un pays » !

Ce grand dicton de Say, malgré sa vérité relative, me rappelle toujours une énigme qu’on m’a proposée un jour dans un jeu au gage touché. L’énigme disait : « Quelle est la différence entre Napoléon 1er et la sage-femme Müllern ? »

Malgré tous mes efforts, je ne pouvais deviner l’énigme et dus me rendre prisonnier, après quoi on m’en communiqua la solution : « Napoléon Ier avait été un homme et la sage-femme Müllern était une femme ! »

Alors je compris parfaitement la vérité de cette solution.

En effet, quand on est assez insipide pour laisser échapper dans la figure de Napoléon et de la sage-femme Müllern toutes les précisions concrètes, on arrive à l’égalité abstraite, qu’ils étaient des êtres humains tous les deux, et une fois en possession do cette égalité abstraite, il devient clair qu’ils no se distinguaient que par le sexe.

Il en est exactement de même de la vérité de cette proposition de Say, que les produits ne s’échangent que contre les produits, que le capital d’un pays ne consiste que dans ses produits et que l’argent n’est pas le capital ; c’est une vérité qui consiste dans l’abstraction de toutes les précisions concrètes réelles du procédé économique.

En réalité, les produits ne s’échangent jamais contre les produits, mais toujours contre l’argent. Tant que ces produits n’ont pas effectué leur salto mortale en argent, pour qui sont-ils capital ? pour leurs propriétaires dans les magasins desquels ils se trouvent ?

Qu’on interroge les commerçants de tout genre, depuis les grands fabricants de coton et de soie