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travail[1], et si demain, par une nouvelle invention qui rend cette production moins coûteuse, il est forcé d’abaisser son prix à la moitié du prix de coût — peut-on encore affirmer que le travail est la mesure de la valeur ?

Mais certainement, monsieur Schulze : car vous voyez bien que le travail individuel de l’homme, fixé dans le produit, et qui devait alors nécessairement y être fixé, est resté le même, mais le temps de travail social concentré dans l’objet s’est rétréci, s’est concentré encore plus.

Quand, par suite d’un changement de goûts ou d’une surproduction d’un article, les produits doivent être vendus bien au-dessous du prix de leur coût, ou deviennent tout à fait invendables, vous voyez que tout cela s’accorde parfaitement avec la théorie du temps de travail ; car ces marchandises ne peuvent plus faire le salto mortale, ne peuvent plus être converties en argent, parce que avec ce changement dans les goûts elles ne représentent plus le temps de travail social ; elles ne sont plus des valeurs d’échange, parce qu’elles ne sont plus des valeurs d’usage. Et il en est de même pour la surproduction relativement à la quantité superflue des objets. Si par exemple la société humaine a besoin d’un million d’aunes de soie, et que les entrepreneurs en produisent cinq millions, ils auront dépensé beaucoup de temps de travail individuel, mais le temps de travail social fixé dans ces marchandises de soie n’est pas augmenté, puisque le besoin réel de tous les individus relativement aux produits de soie n’a pas augmenté. Il n’y a à présent dans ces 5 millions d’aunes de soie que le même quantum de temps de travail social fixé

  1. Mais pas en salaires de travail, monsieur Schulze.