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ce qui nécessite l’explication, non seulement de la monstruosité logique, mais encore de l’impossibilité et de la monstruosité économique réelle de l’invention de Bastiat.

Ainsi la valeur, au lieu d’être dans le travail exécuté du producteur, est dans le travail ou l’effort épargné au consommateur, ou, comme vous le dites, à l’amateur.

Je ne veux pas parler de nouvelles inventions. Les chemins de fer sont inventés depuis longtemps. Mais j’admets le cas où le chemin de fer de Cologne-Minden ne serait pas encore construit et je suppose une société de capitalistes qui voudraient faire ce chemin de fer, ou n’importe quel autre, devant réunir deux villes. Cette société pourra-t-elle exiger du consommateur ou plutôt, — pour me servir de votre expression, monsieur Schulze, — de l’amateur, pour le service qu’elle lui rend, et en échange d’un billet de transport, le même travail, la même dépense de peine et de frais que le transport en chemin de fer lui épargnerait ? Pourra-t-elle réellement exiger dans le prix du billet de transport une somme équivalente à la dépense de peine, de frais et de temps que l’amateur aurait dû faire, s’il avait voulu, comme autrefois, aller de Cologne à Minden à pied ou en voiture ? La Société de Cologne-Minden ferait de bien mauvaises affaires, et fort peu de personnes prendraient le chemin de fer, si ladite Société avait établi ses prix sur ce principe ! Et ne voyez-vous donc pas, monsieur Bastiat-Schulze, que d’un autre côté tout le progrès civilisateur des chemins de fer serait réduit à zéro, si le public était obligé de payer dans le transport des chemins de fer les mêmes dépenses qui lui sont épargnées par ce service.

Et encore cet exemple est-il pris dans un milieu