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nes le principe que la quantité de travail contenue dans un objet est la mesure de sa valeur !

Ces observations auront pu suggérer à Bastiat, comme nous le verrons bientôt, la pensée d’éloigner ces difficultés apparentes par le service rendu au consommateur moyennant la cession d’un produit de travail, et d’établir, au lieu du travail, le service lui-même, comme mesure de la valeur.

A peine cette pensée lui fut-elle venue que lui et ses congénères, tous les esprits de sa trempe enfin, s’aperçurent avec transport du service que cette nouvelle catégorie de service allait rendre à tous les intérêts d’exploitation et à tous les esprits faibles. Ce mot nouveau et menteur service vise encore de son œil louche à représenter le travail et paraît aux têtes faibles renfermer en lui l’effort nécessaire à la production d’un résultat de travail, et s’accorder encore complètement avec Adam Smith. Mais, en même temps, ce mot agaçant et faux a noyé toute la précision spécifique que contenait l’honnête mot travail. Que n’appellerait-on pas service ? Il serait difficile de soutenir que Reichenheim travaille pour ses ouvriers, qui travaillent plutôt pour lui, et qu’il paie : deux définitions spécifiques tout à fait différentes du procédé social de production !

Mais le service une fois inventé, rien n’est plus simple et plus plausible que de soutenir que Reichenheim et ses ouvriers se rendent des services mutuels.

Entassez mots sur mots… c’est un moyen qui permet à chacun de bâtir un système complet. Ainsi tout l’antagonisme du procès social de production est résolu dans le charme et la douceur du service réciproque, dans le ciel sans nuage de la plus parfaite égalité !