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vouiez pas à un tiers, vous y apprendrez beaucoup d’économie politique. Pensez seulement combien de bibliothèques vous auriez dû parcourir et quel effort autonome de pensée (dont vous êtes complètement incapable) vous auriez dû faire pour acquérir vous-même ces connaissances auxquelles vous arrivez, et vous arriverez encore, sans fatigue, dans la suite de ce livre. Et pourtant si je vous envoyais un compte pour ce service, vous seriez très étonné et vous feriez, contrairement à votre théorie économique, l’observation qu’il y a des services qui ne peuvent pas être compensés.

Mais je vous ai rendu encore un service que, grâce au peu de cas que vous faites des connaissances, vous devez apprécier bien plus que celui que nous venons de mentionner.

Par mon agitation j’ai amené les commerçants et les fabricants — qui (souvenez-vous donc de l’aveu de la Gazette allemande du Midi) ne vous aimaient guère jusque-là — à vous offrir un don national de 45.000 thalers. Ce service, c’est moi qui vous l’ai rendu, et sans moi vous n’auriez jamais reçu un sou de cette somme ! Et pourtant, comme vous trouveriez plaisant, si je vous demandais la somme de travail que je vous ai épargnée par là, c’est-à-dire les 45.000 thalers !

Vous voyez qu’il y a des services qui ne se paient pas, ce qu’on ne peut pas dire du travail, et de cette seule chose vous auriez dû conclure que le service n’est pas une catégorie économique !

Mais, plaisanteries à part, monsieur Bastiat-Schulze, je vais vous donner une triple preuve qu’il faut bannir une fois pour toutes de l’économie politique cette invention nébuleuse de M. Bastiat.

Je montrerai premièrement de quel besoin et de quelles difficultés apparentes la théorie du service