Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

équivalente à son produit de travail d’une année. L’acheteur peut-il objecter à celui qui l’a trouvée qu’il n’avait besoin que d’une minute de temps pour ramasser la pierre ; qu’il n’avait employé aucune peine à son acquisition et qu’ils devaient échanger le produit d’un travail égal, en raison de quoi déjà la millième partie de ce qu’il exigeait était trop forte ? Ce dernier aurait certainement répondu que, si l’acheteur trouvait la somme trop forte, il n’avait qu’à aller chercher lui-même une pierre pareille. L’amateur risquait ainsi d’employer plusieurs années et de faire beaucoup de voyages dangereux et coûteux pour cette recherche, sans aucun résultat peut-être. Nous voilà arrivés au point intéressant. Ce n’est pas la trouvaille du diamant, mais sa cession à l’amateur qui constitue le service de l’homme ; quant à l’amateur, la manière dont l’homme est parvenu à la possession du diamant lui doit être bien égale, et elle ne doit nullement influer sur la valeur du service. La valeur que la cession de la pierre a pour l’amateur est plutôt équivalente au travail qu’il s’épargne par là, c’est-à-dire, à la peine et aux frais que lui causerait la recherche d’une pierre pareille. »

Nous voilà enfin arrivés au cœur de la célèbre théorie des services de Bastiat, théorie que d’ailleurs vous avez prise pour base déjà, au commencement (v. plus haut) de votre définition de la valeur (comme étant un rapport de deux services).

Mais le ventre de John Fallstaff est moins gonflé et moins malsain que cette catégorie de Bastiat : le service, et il est temps, il est bien temps, monsieur Schulze, de percer enfin ce ventre gonflé pour en éloigner les détritus dont il a empoisonné l’économie politique. Le service est loin d’être une catégorie économique, monsieur Schulze, et, avec votre permission et celle de M. Bastiat, nous voulons rendre à ce service le service de le rejeter de l’économie