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salaires de travail, d’où proviendraient les rentes des capitalistes et les profits des capitaux ? Peut-être avez-vous un jour confusément entendu, par l’intermédiaire de Bastiat, quelque chose du grand et profond aphorisme de Ricardo — qui a sa racine dans la dernière remarque citée d’Adam Smith, et que la nouvelle économie scientifique doit prendre pour point de départ —…que dans les prix des produits, ce n’est que le quantum de travail qui est payé, et vous, charmant enfant que vous êtes, vous considérez le quantum du travail et les salaires de travail comme identiques ; — vous tombez là-dessus, et vous déclarez — ce qui doit résonner agréablement aux oreilles des ouvriers — que dans les prix de produits il n’y a de payé que les salaires de travail[1] !

Incomparable Schulze ! Dans la différence du quantum de travail et des salaires de travail, dans ce petit pli que vous écrasez si lourdement, se trouve presque toute l’économie politique et surtout tout l’intérêt et tout le profit des capitalistes !

Mais cela vous est bien égal, à vous, professeur agrégé de l’économie politique !

Bastiat lui-même ne peut rien contre de pareilles absurdités. Bastiat, comme Say et toute l’école française, considère l’intérêt et le profit du capital comme des agents constituants le prix des choses qui sont payées par les consommateurs[2], car il faut

  1. Ce n’est nullement chez vous une erreur de plume, mais une idée tout à fait dogmatique qui se retrouve partout. Voir, par exemple, p. 64 de votre Catéchisme : — » Et tous les déboursements se réduisent finalement en salaires de travail ; » de même p. 36, 60, etc.
  2. Bastiat considère le profit, qui est l’indemnité du capital pour le service qu’il rend à la production, expressément comme un élément particulier, payé par les consommateurs dans le