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tise, car vous savez bien que ce n’est pas le cas, et que l’agréable tableau du travailleur percevant des rentes dans sa vieillesse est la plus mensongère tromperie qu’on puisse trouver dans l’histoire de la littérature ! Mais ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que les travailleurs qui doivent connaître leur propre situation et celle des vieux travailleurs, leurs parents et connaissances, permettent qu’on leur dise en face dépareilles choses ! Mais il paraît que les gens, en écoutant l’attrayante description de ce charmant Eldorado, oublient la faim et la soif et perdent le souvenir et la mémoire.

En outre, si, comme vous l’avez momentanément supposé, la productivité du capital, la rente du capital disparaît, où tomberait alors ce surplus qui jusqu’à présent revient toujours au capital et forme son profit ? Peut-être dans l’eau ! Ou dans la lune ! Il tomberait évidemment dans les poches des travailleurs !

Cela, vous deviez le savoir aussi, et vous ne pouviez dans aucun cas de la situation présente des travailleurs déduire la conséquence d’un état de choses où toute la productivité du travail, où tout le surplus qui revient aujourd’hui au capital, serait versé dans les poches des travailleurs !

De ces misérables duperies se compose, comme nous l’avons tant de fois montré, tout votre bel ouvrage. Quiconque est en état de vaincre son dégoût et de fouiller jusqu’au bout cet amas de mensonges et de stupidité s’en rendra compte ! Sur ces grossiers tours de passe-passe, par lesquels vous tuez la raison chez les travailleurs, leur ôtez le jugement et obscurcissez en eux toute idée claire à laquelle ils pourraient être parvenus eux-mêmes, — sur cette tromperie systématique, dis-je, sur cet