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pas et, malgré ses parents, il quitta l’école commerciale pour s’adonner à l’étude de la philosophie.

À 17 ans, il s’était déjà distingué aux universités de Breslaw et de Berlin, comme étudiant de philosophie et de philologie.

À 19 ans, il avait terminé une œuvre philosophique de valeur : Philosophie d’Héraclite le Ténébreux, qu’il devait ne publier qu’en 1857.

En 1846, il alla à Paris. C’est probablement la fréquentation des proscrits de toutes les monarchies de l’Europe, réfugiés dans la capitale morale et révolutionnaire de l’Occident, qui le rendit socialiste. Il fréquenta à Paris son célèbre compatriote et coreligionnaire Henri Heine. Ce dernier l’annonçait déjà comme devant être un prodige.

À son retour à Berlin, Lassalle se jeta dans une aventure, toute à son honneur d’ailleurs, qui tient plus du roman que de l’histoire.

On parlait beaucoup en Prusse du comte et de la comtesse de Hatzfeld. Le comte, immensément riche et appartenant à la plus haute aristocratie, avait épousé sa cousine qu’il n’avait pas tardé à maltraiter au point d’être un objet de scandale pour l’opinion publique. Déjà, depuis 1843, le prince de Hatzfeld, frère de la comtesse, avait obtenu une lettre du roi de Prusse enjoignant au comte de cesser de maltraiter sa femme ; mais cette lettre n’eut aucun effet. Il ne restait plus à la comtesse qu’à recourir aux tribunaux pour obtenir une séparation. Mais la famille s’y opposait pour éviter un scandale et la comtesse ne savait à qui s’adresser. C’est dans ces circonstances que, dépouillée par son mari et plongée dans la plus vive douleur, elle connut Lassalle.

Ce jeune homme de 21 ans, emporté par l’indignation contre les abominations qui lui furent dévoi-