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proposé chez nous — l’abolition de l’intérêt — ne voyez-vous réellement pas l’incroyable absurdité logique que vous concentrez si admirablement dans cette courte phrase ?

Tous les socialistes qui, comme Proudhon, ont voulu supprimer l’intérêt, n’ont jamais voulu dire qu’un individu ne devait pas du tout prêter à un autre, ou que, par amour du prochain, il devait prêter sans intérêts, comme l’exigeaient la loi canonique et la loi de Moïse (concernant les Juifs dans leurs rapports entre eux), mais ils ont voulu arriver à la gratuité du crédit en fondant des banques populaires, des banques d’État, etc., etc., bref, en organisant la gratuité du crédit moyennant des institutions sociales positives, c’est-à-dire en réalisant un état de choses où chacun pourrait gratuitement emprunter les capitaux nécessaires. Proudhon l’a clairement exprimé en nommant cette abolition de l’intérêt la gratuité du crédit. Vous devez le savoir, car vous avez au moins lu les abécédaires de Bastiat, et la discussion entre Bastiat et Proudhon traite ce sujet dont elle porte le titre.

On peut même à bon droit vouloir contester que ce résultat puisse jamais être atteint par les moyens proposés par le bourgeois Proudhon.

On pourrait même aller encore plus loin et observer qu’il est impossible d’arriver à la gratuité du crédit.

Vous ne faites rien de tout cela, monsieur Schulze, mais vous vous écriez : Supprimez l’intérêt — et vous admettez dans cette proposition la possibilité d’une pareille suppression, au moins pour un moment. Vous la supposez avec intention, pour montrer quelles suites funestes aurait cette suppression. Et pour répondre aux socialistes, pour attaquer l’unique signification que peut avoir à notre époque