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monsieur Faucher ! Car mes amis me disent que vous n’avez point de capitaux et qu’un banquier médiocrement riche n’échangerait pas les frais qu’il est habitué à dépenser pour un repas convenable contre le salaire de privations (revenu du capital) que vous touchez !

Quels débauchés et quels libertins doivent être ces travailleurs, à moins qu’ils n’aient secrètement des maîtresses, des villas et des maisons de campagne où ils fêtent leurs orgies, puisqu’ils ne touchent aucun salaire de privations !

Mais, plaisanteries à part, car il n’est plus possible de plaisanter ici, et la plaisanterie la plus amère éclate involontairement en révolte ouverte ! il est temps, il est bien temps d’interrompre les voix de ces castrats par le grondement d’une rude basse ! Est-il possible — tandis qu’il en est du profit du capital, comme nous l’avons déjà suffisamment démontré et le démontrerons encore plus complètement, tandis que le capital est l’éponge qui suce tout le surplus du travail et toute la sueur du travailleur, ne lui laissant que l’indispensable pour son existence — est-il possible qu’on ait le courage de qualifier devant les travailleurs le profit du capital de salaire de privations de capitalistes qui se macèrent ? On a le courage de jeter publiquement à la face des travailleurs, de ces infortunés prolétaires, cette dérision, ce sarcasme inqualifiable ! La conscience n’existe donc plus du tout et la honte a-t-elle fui chez les bêtes ?

Et on a déjà poussé si loin l’abrutissement et la castration du peuple, que les travailleurs eux-mêmes, au lieu d’éclater dans une tempête d’indignation, écoutent patiemment cette raillerie publique ? Pourquoi la loi n’a-t-elle pas de châtiment pour les choses de ce genre ? l’abrutissement systé-