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« Mais après tout ce qui a été dit, il sera clair pour chacun que par tous ces moyens licites et illicites, seulement le capital déjà produit passe de mains en mains, mais que jamais un capital, ou en général une fortune, ne peuvent être formés, et qu’une fois pour toutes ils ne sont que le résultat possible de l’épargne et du travail. »

Et après cette phrase triomphante vous êtes sûr d’avoir bouché dans le cerveau de vos travailleurs le dernier soupirail par lequel un souffle de jugement sain pouvait pénétrer jusqu’à eux ! Mais, monsieur Schulze, dans l’exemple cité du nouveau capital de 75.000 th. que j’ai gagné sur les actions de Cologne-Minden, je n’ai ni travaillé, ni épargné. Je n’ai également ni trompé, ni pillé, ni volé ; je suis en général tout à fait inattaquable de ce côté devant le procureur du roi. Je ne l’ai reçu ni en héritage, ni en don de personne. Je n’ai pas non plus joué, monsieur Schulze, et je ne me suis pas approprié une valeur qu’un autre possédait déjà avant moi juridiquement. Distinguez bien, monsieur Schulze, je n’ai parlé ni d’agiotage, ni de jeu de bourse. Mais il s’est formé réellement et effectivement une nouvelle valeur de capital. Par suite de l’augmentation du mouvement des voyageurs, de la diminution des frais d’exploitation, etc., etc., tout le chemin de fer de Cologne-Minden, et chaque action qui en représente une partie, a maintenant une plus grande valeur réelle. Personne n’a possédé avant moi juridiquement cette nouvelle valeur de capital ; par conséquent, personne aussi ne me l’a transmise, je ne l’ai également ni épargnée ni produite. D’où vient donc cette nouvelle valeur de capital ? La chose est vraiment étonnante ! C’est comme si elle était tombée du ciel !